Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?. . . Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 11, 2-11.

MEDITATION

« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?… un homme aux vêtements luxueux ? un prophète ? … bien plus… mon messager »

La vie monastique m’a toujours attirée ! Quand j’étais toute petite, je rêvais d’entrer au couvent. Cette vie me fascinait, mais j’étais bien trop enfant pour comprendre que c’était en fait de vivre avec Dieu et rien que pour Lui, qui m’attirait !

Malgré le désir, cela ne s’est pas fait !

Entre temps, ma vie fut tout autrement : de beaux vêtements, j’en ai portés ; des bijoux en or et en argent, j’en ai possédés ; dans des ‘palais’, j’ai habité, et comme une ‘reine’, j’ai vécue… De plus, je me suis mariée 4 fois !

Toutefois, je me suis toujours posée la question: Pourquoi cela ne s’est pas fait ? Pourquoi ne suis-je pas devenue moniale alors que cette vie je la sentais vivre déjà en moi à l’aube de mes jeunes années ?

Encore aujourd’hui, au crépuscule de ma vie,  je me la pose : Pourquoi ne suis-je pas devenue moniale alors que cette vie m’attire toujours ?

J’ai souvent pensé que c’était le fait de vivre enfermée qui m’avait repoussé, la pauvreté aussi… une pauvreté bien trop rigoureuse, sans oublier la stricte obéissance à un supérieur… et l’habit… si encombrant… si étouffant …

J’étais déjà à l’époque, comme l’oiseau : un être libre – libre dans son esprit – libre d’aller là où le vent le pousse… libre de s’habiller confortablement…

Un jour, je me souviens, à un ami sincère qui me connait bien, j’ai demandé son avis : « puisque cette vie m’attire toujours, pourquoi ne suis-je jamais entrée au monastère ? » Et cet ami m’a répondu une parole qui m’a bien plût : « tu le seras sans doute dans ta prochaine vie ».

Mais je suis quand même demeurée sur ma faim… comme qui dirait en attente… et ce jusqu’à ce matin… quand, pendant l’oraison, ces Paroles me furent données :

« IL existe pour l’arbre un espoir … Que sa racine ait vieilli en terre, que sa souche soit morte dans la poussière, dès qu’il flaire l’eau, il bourgeonne et se fait une ramure… »*

Alors je me suis tournée vers Le Ciel et j’ai crié : Mais quand donc sera cette vie, puisque j’ai déjà 60 ans ? Comment cela se fera-t-il, puisque je suis mariée, j’ai des enfants et des petits enfants ?

Et l’ange du Seigneur fit déposer sur le rebord de ce puits, Sa Réponse :

« Reste fidèle jusqu’à la mort, et Je te donnerai la couronne de vie. »
 
Apocalypse 2,10

Du coup, je me suis souvenue d’autres Paroles, reçues ce matin aussi : « Allez rapporter à Jean (dans sa prison), ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »

Et tout à coup j’ai compris… et j’ai cru ! J’ai cru en ma propre résurrection …

Chers frères et sœurs, chers pèlerins,

Quand je regarde en arrière, que je vois ce que Dieu a fait pour moi et de moi, je comprends que tout comme jadis Il a préparé Son peuple dans sa traversée du désert, Il m’a préparée aussi… Il m’a préparée à ce qu’aujourd’hui, je réussisse la vie qu’Il m’a donnée – celle qu’Il a voulue pour moi – celle qu’IL m’a destinée – celle qu’IL destine à tous Ses enfants de la Terre, qui n’est rien d’autre qu’ Une vie avec Lui et pour Lui ! Une seule et unique vie… pour chacun et pour tous… et elle est pour toujours, avec Lui et pour Lui ! Et pour cela, Il doit Lui-même la préparer !

Jamais auparavant je ne m’étais sentie digne que Dieu, Le Père, se soit, un beau jour, penché sur ma petite personne, si indigne de Lui. Et pourtant Il l’a fait. Par recommandation du Fils. Car Dieu aime chacun de Ses enfants, chacun de Ses fils et de Ses filles, comme si chacun d’eux était UNIQUE au monde !

Et aujourd’hui, avec cette réflexion, je comprends encore mieux pourquoi je ne suis pas entrée au monastère et pourquoi je n’y entrerai jamais. Non parce que je ne suis pas digne, mais parce que j’y suis déjà, non par mon état physique, mais par mon état d’esprit : libre malgré tout, envers et contre tout et tous ! Et par le choix que j’ai fait de répondre OUI à L’Appel de Dieu, de ne vivre que pour Lui et avec Lui, là où Il m’aura Lui-même plantée !

Je suis une moniale en herbe, c’est-à-dire, une herbe en devenir plante, une plante en devenir arbre, un arbre dont les branches accueilleront demain beaucoup d’oiseaux…

Voilà ce que je suis, au crépuscule de cette vie ! Et ce que je vis :  une vie en attente d’être réussie… et d’obtenir sa couronne… pour la vie !

C’est pourquoi je me sens si proche de toi,  petite sœur, petite soeur que Dieu m’a donnée, si avec toi, si en toi, car toutes deux nous sommes unies par un Seul Esprit d’Amour. Et si j’osais, aujourd’hui, si j’osais t’emprunter tes propres mots pour qualifier ce qui s’est passé pour moi, tu ne pourrais m’en vouloir, de là où tu es, car j’y suis, moi aussi, avec toi, par Lui, avec Lui et en Lui :

« J’étais à l’âge le plus dangereux pour les jeunes filles, mais le Bon Dieu a fait pour moi ce que rapporte Ezéchiel dans ses prophéties :  » Passant auprès de moi, Jésus a vu que le temps était venu pour moi d’être aimée, Il a fait alliance avec moi et je suis devenue sienne… Il a étendu sur moi son manteau, il m’a lavée dans les parfums précieux, m’a revêtue de robes brodées, me donnant des colliers et des parures sans prix… Il m’a nourrie de la plus pure farine, de miel et d’huile en abondance… alors je suis devenue belle à ses yeux et il a fait de moi une puissante reine !… « . Oui Jésus a fait tout cela pour moi,….  » *

Merci petite sœur. Merci Seigneur Jésus, mon Sauveur et mon Dieu.

Amen +

Réf. Biblique : * Job 14  * Pensée du jour de Thérèse de L’Enfant Jésus, (Extrait de « Œuvres Complètes »)

Doris David +

servante du Bon Dieu

« Ta Fidélité Seigneur est sur moi comme mon espoir est en Toi ! »

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